Le temps de mon enfance

Publié le par Gorky


    Le temps de mon enfance est plongé dans la nuit. Le chemin n’en est pas tracé.
   On devra sûrement faire quelques pas en arrière pour arriver au but. Des parfums de jasmin courent le long des roseaux. Les enfants jouent et je suis enfin celle qui respire le silex.
   Des laquais et des pages, des voleurs et des assassins, tout un peuple de mal venus courent dans le silence. Un dormeur rêve au fil de l’eau, bercé par la vague montante. Je le reconnais, son visage m’est familier, néanmoins il n’a pas de nom.
    Les palais oubliés par le mort du fleuve se reflètent dans l’eau agitée, et leurs réseaux convexes sont constitués de personnes qui s’entretuent dans un brouhaha confus assourdit par l’épaisseur aquatique, brouillard liquide entre ces damnés et moi.
    La capacité de se transformer me fut donnée par une fée qui se blessa en basculant la tête la première, le reste ensuite, dans mon berceau.
    « C’est nous qui voulions vous tuer » hurlent les morts du fleuve.
     Dans le temps de mon enfance erre San Mao le petit vagabond qui pleure en cherchant sa mère dont le cœur sanglant git près de lui dans la broussaille. Il passe sans voir une énorme vache, la mienne, qui rumine en regardant les démons s’agiter au fond de l’eau.
    Pour vous faciliter l’accès au temps de mon enfance, informez-vous, l’histoire, l’aventure de cette idée sont présentés tout au fond du fleuve noir. Cette grille de lecture est proposée version phosphorescente, car le texte est noir-comme le fleuve, les enfants qui jouent, les démons qui s’agitent, le mort amnésique qui file flottant sur l’eau-.
    Le but de ce voyage est la maison verte où l’on enseigne aux morts à nager. Cette institution est une œuvre de magie sociale, présidée par la fée Carabosse.
    La Manche, l’Océan atlantique, la mer Méditérannée, le golfe de Gascogne sont de pâles reflets de ce fleuve là. Quel est-il ? Le Styx.
     Les partenaires de ce jeu sont tous morts, ou le seront un jour. Ne l’oublions pas.

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